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 2007

GRENOBLE ET SES QUARTIERS

 

SOUVENIRS D’IMMIGRES Serge Borgondo a écrit "Les gosses de la route"

La Porte de France de 1930 à 1960

 

Le Dauphiné Libéré    Vendredi 2 février 2007

 

 

Jadis, la Porte de France, comme Saint-Laurent et la Mutualité, était un quartier d’immigrés. Dans le Grenoble des années trente et jusqu’en 1960, la vieille route de Lyon, portion de la route napoléonienne, était le terrain de jeux des fils d’Italiens, d’un Russe, de Polonais, de deux Argentins, d’Italiens et de Français.

 

De ces clichés en noir et blanc de l’Esplanade et de la route de Lyon, dont quelques-uns du studio Rambaud, qui nous renvoient des images des "Ritals" de Cavanna, des récits de ces mômes de la route, ont donné "Les gosses de la route", sorte de mémoire d’un homme qui n’en manqua jamais et qui fut l’un d’eux : Serge Borgondo, fils d’immigré.

 

Il est né à Fontaine en 1937 et, à l’âge de 2 ans et demi, arrive dans le quartier. Maternelle à la Porte de France, primaire à Jean-Jaurès et au collège Guynemer, là où passeront nombre d’artisans. D’abord apprenti, puis ouvrier chez Raymond-Boutons, Serge Borgondo découvre la vente aux Nouvelles Galeries : "Je faisais du porte-à-porte pour proposer des bons d’achats et, chose rare, un étalement des paiements, une sorte de crédit avant l’heure. Puis j’ai trouvé définitivement ma voie dans l’automobile".

 

Dans "Les gosses de la route", tout est dit dans cet avant-propos de Wolinsky : "On n’avait pas d’auto/pas de sous/pas de télé/à peine la radio,/quelques tourne-disques/On ne savait pas,/qu’on était une jeunesse en voie de disparition".

 

 

Une compilation de noms des 150 enfants de la route de Lyon

 

Fort heureusement, cette jeunesse compte encore une bonne vingtaine de copains qui, il y a plus de 40 ou 50 ans, ont fait les 400 coups, entre la Porte de France et le pont des fortifications. C’était au temps du vélociste Diafferia, de la concession Peugeot Parendel, de Simca Bollard, de l’épicerie Fanton, de la maison du père Chèvre, de la cité des ciments, du café de la Bascule, de la villa des Mazaret, de la petite et de la grande esplanade, avec de merveilleuses photos des 15 août boulistes du Dauphiné Libéré, le lavoir, les amis Louis Perli, Georges Echevet, le champion de France de rugby en 1954.

 

Ce mémoire est aussi une compilation de noms : les Dupeley, Rétaroly, Mistral, Humbert, Amenazo, Michon, Negrello, Peskatchevo, Dalmatti, Dubourgeat, Zoffoli, Jean Noël Desany, le pâtissier, passé avenue Alsace-Lorraine, puis place Grenette, en tout 150 enfants de la route de Lyon.

 

Lucien Perli, qui a vécu avec ces joyeux banlieusards, est un "vieil enfant" heureux : "Nous étions les  meilleurs footballeurs de notre quartier". Et il sourit en regardant la photo de la championne du quartier, la basketteuse Yvette Combe, avec ses équipières au stade Roland-Garros en 1948.

 

Serge Borgondo, petit poulbot qui s’ignore, n’a jamais oublié cette route de Lyon où leur Montmartre était un ruban de bitume plat, entre les fortifications et l’Esplanade.

 

 

François CAZENEUVE


2022 03



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